Si on peut juger une société à l’état de ses prisons (Albert Camus), on peut également juger l’état d’une démocratie à l’aune de la place accordée aux citoyens incarcérés.
Si on peut juger une société à l’état de ses prisons (Albert Camus), on peut également juger l’état d’une démocratie à l’aune de la place accordée aux citoyens incarcérés.
Depuis 1994, la privation des droits civiques n’est plus automatiquement corrélée avec les condamnations pénales.
Citoyens détenus disposant du droit de vote
Citoyens détenus privés de droit de vote
3,9 % des citoyens détenus s’étaient exprimés (soit 1 980 détenus)
La situation de détention impacte donc structurellement la citoyenneté, notamment en générant de nombreux obstacles à l’exercice du droit de vote.
Au-delà de l’acte même de voter, le milieu carcéral joue-t-il également sur le rapport que les détenus entretiennent aux institutions, à l’Etat, à la République et donc à la politique ?
Comprendre l’impact de la détention sur l’exercice de la citoyenneté, mais plus largement l’impact de l’enfermement et du parcours pénal sur le rapport aux institutions, à la politique.
Cerner la façon dont les individus se vivent en tant que citoyens
Identifier les moyens qu’ils utilisent, ou non, pour se faire entendre dans l’espace public
Mesurer le degré de politisation des individus
Déterminer les sources d’information qu’ils utilisent
Comprendre les représentations que les individus se font de la démocratie représentative et de la place qu’ils y occupent
Evaluer le rapport qu’ils entretiennent aux institutions scolaires et régaliennes
Comprendre leur vécu de la relation pénale et des contraintes qu’elle induit
Décrypter les trajectoires de socialisation des individus
Ce projet de recherche est la première enquête réalisée en France sur la thématique de la citoyenneté en détention.
Analyse statistique de données afin de réaliser une sociologie des détenus
Réalisation d’un questionnaire dans l’une des plus grandes maison d’arrêt française :
640 questionnaires récupérés sur l’ensemble des bâtiments de la maison d’arrêt
Réalisation d’entretiens individuels et de focus groupes auprès de citoyens détenus votants et non-votants.
29 focus group réalisés
71 détenu(e)s rencontré(e)s
Entretiens axés sur la trajectoire des individus, leur environnement social et familial, leur vécu de la détention et de la peine, leur rapport aux institutions, à la politique …
Ce projet s’inspire d’une enquête de référence aux Etats-Unis « Arresting Citizenship: The Democratic Consequences of American Crime Control”. Cet ouvrage démontre l’impact du système carcéral sur la démocratie américaine.
Il établit notamment comment le contact avec le système de justice pénale refonde la relation entre le citoyen et l’Etat.
À travers des entretiens et l’analyse de données d’enquêtes, Amy E. Lerman et Vesla M. Weaver démontrent comment le contact avec la police, les tribunaux ou encore les prisons, réduit la confiance dans la capacité des institutions politiques américaines à répondre aux inquiétudes des citoyens et diminue le sentiment d’une citoyenneté égale.